Quelle musique aux oreilles d’Elisabeth Ière et Mary II, deux souveraines majeures d’Angleterre qu’un siècle sépare ? Quelles œuvres écrites pour elles ? Quelle inspiration, contemporaine ou posthume, pour les compositeurs ? Florilège musical en diptyque de la Renaissance anglaise, du XVIème au XVIIème siècle…
Bouquet de chansons et madrigaux profanes, O Mistress Mine tire son nom d’un air de la pièce de William Shakespeare Twelfth Night. Ecrit par le compositeur Thomas Morley et d’inspiration populaire, cet air évoque un délicat jeu de séduction entre un amant musicien (qui peut « tout à la fois chanter haut et chanter bas »…) et son aimée. Mais celle-ci semble insaisissable… Le repousse-t-elle ? L’attend-elle ? C’est dans le prolongement de cette errance du sentiment amoureux que viennent s’articuler tous les chants de ce programme. D’humeur changeante, tristes ou gais, résignés ou sans espoir, ils se répondent et se contredisent. Une histoire semble s’en détacher. Un nom, Amaryllis, revient aux oreilles… est-ce elle, la maîtresse aimée ? Amour heureux ou malheureux ? What’s to come is still unsure…
Au moment où Shakespeare écrit Twelfth Night (vers 1601), Morley, lui, publie un autre ouvrage : The Triumphs of Oriana, recueil de madrigaux composés par divers de ses contemporains britanniques, tous écrits à la gloire d’une certaine Oriana… Le recueil est métaphoriquement dédié à la reine Elizabeth – alors âgée de 70 ans – et à son règne glorieux et finissant (« Reine & chanson des plus excellemment assorties »…). Mais c’est également un jeu de rivalité virtuose avec les compositeurs italiens de l’époque, maîtres réputés dans le genre du madrigal (poème de Cour chanté à plusieurs voix a cappella). Pièces galantes et de composition fantasque, ces madrigaux sont ici disséminés dans la trame amoureuse à la manière de chœurs antiques commentant l’action par leurs louanges, nymphes et satyres appelant à la joie et au « jeune amour ».
Oriana, Amaryllis… c’est dans un va-et-vient entre leurs deux figures et leurs deux univers, semblables et disparates à la fois, que O Mistress Mine trace son sentier profane parmi les saisons, animé par les états éphémères de l’amour et de la jeunesse. Youth’s a stuff will not endure…
• O Mistress Mine, Thomas Morley (ca. 1557-1602)
• Long live, fair Oriana!, Ellis Gibbons (ca. 1573-1603) Extrait des Triumphs of Oriana
• Weep O mine Eyes, John Bennet (ca. 1575-1614)
• As Vesta was from Latmos hill descending, Thomas Weelkes (ca. 1576-1623) Extrait des Triumphs of Oriana
• Though Amaryllis dance in green, William Byrd (ca. 1543-1623)
• It was a lover and his lass, T. Morley
• April is in my mistress’ face, T. Morley
• Come, blessed bird, Edward Johnson (extrait des Triumphs of Oriana)
• Come away, death, Herbert Murrill (1909-1952)
• Disdain me still, John Dowland (ca. 1563-1626)
• Adieu sweet Amaryllis, John Wilbye (ca. 1574-1638)
• Oriana’s Farewell, Thomas Bateson (ca. 1570-1630) D’après les Triumphs of Oriana
• O Mistress Mine, H. Murrill
Effectif : 16 (grande forme) ou 9 (petite forme) chanteuses et chanteurs
Direction musicale : Félix Benati
1 luthiste
Durée du programme : 50 minutes
Concert spatialisé
Compatible plein air